08Fév

Retour en Afrique – C’est une guinéenne, une femme cultivée et entrepreneure panafricaine qui a choisi, après toute une vie en occident, de retourner dans son pays qu’elle ne connaissait pas forcément bien. L’appel de l’Afrique et de ses opportunités a trouvé oreille attentive auprès d’Emma Camara, qui nous livre les détails de son retour en Afrique.

1 – Qui est Emma Camara ? (professionnel)

Emma Camara est une entrepreneure social dans les métiers de la communication. J’ai vécu 30 ans en France où j’ai obtenu un master en Communication à l’Institut Français de Presse, une licence de management des ONG, et un certificat HEC d’entrepreneur social. Après 15 années d’expérience professionnelle dans des entreprises et institutions de renommée en France et à l’international, j’ai commencé en 2013 à servir comme consultante bénévole pour des  porteurs de projet issus de la diversité et des quartiers, qui n’avaient pas forcément les investissements de départ nécessaires à leur communication et identité visuelle. En 2015 je me lance en freelance, puis convaincue des opportunités du numérique pour le continent africain je décide de m’installer en Guinée pour y créer l’agence de communication E&C et ainsi œuvrer pour l’insertion professionnelle des jeunes.

2 – Combien de temps avez- vous vécu à l’étranger ? Quel bilan en tirez-vous ?

J’avais déjà vécu 2 ans en Inde. Et quelques mois aux Etats-Unis. Ces expériences m‘ont apporté une ouverture d’esprit, du recul et une forte capacité d’adaptation.  Et aussi l’envie d’entreprendre. Je vis en Guinée depuis avril 2017.

3 – Pourquoi avez-vous choisi le retour en Guinée ?

Moi, on m’a envoyé en France à l’âge de 5 ans ! Y’a toujours eu une partie de moi qui a demandé à revenir pour servir le pays. Je pense aussi que l’attachement de mes parents pour la Guinée m’a été transmis. Mais je ne serai pas rentrée si la situation du pays n’était pas prometteuse. En Guinée il y a quelques années on n’avait pas de courant ni d’eau, ni d’infrastructures digne de ce nom. Aujourd’hui le niveau de développement du pays permet d’investir et de développer des projets. Puis quand je vois les opportunités saisies par des entreprises étrangères sans impact social pour la population, je me dis que c’est un devoir de revenir mais avec des projets gagnants-gagnants. C’est indéniable que la diaspora est une valeur ajoutée pour le continent. On a accès à des marchés qu’on aurait jamais imaginé avoir, on créé de l’emploi, on forme la jeunesse, je gagne de l’argent à travers une économie inclusive. Que demander de plus?

4 – Comment s’est passée la transition professionnelle de l’étranger au pays et votre retour en Afrique ?

J’ai commencé par des allers retours pour vérifier si les éléments de base étaient réunis, et si je pouvais supporter tous les aspects plus négatifs. Ensuite j’ai accepté de travailler gratuitement et/ou avec des salaires bas (200€/mois) malgré mon niveau d’expérience. Je pense que c’était nécessaire pour comprendre le marché du travail. Après avoir bien saisi le terrain, gagné la confiance et le respect de mes compatriotes, je me suis lancé avec l’agence. L’expérience et le réseau que j’avais eu m’ont permis d’avoir des marchés plus facilement. On est considéré comme une concurrence sérieuse par les locaux, et perso je suis de leur côté lol ! Franchement on ne nous déroule pas le tapis rouge,  mais je trouve ça normal. C’est comme partout, c’est  comme quand on revient en France, on commence en bas et on se bat. Sauf qu’ici en 6 mois on peut passer de 200€ à 2000€ voir 20 000€ quand on est très chanceux !

5 – Quelles difficultés avez-vous rencontré en tant que repat ? J’étais complètement perdue car ce n’est pas du tout les mêmes repères, codes, comportements. J’ai eu des crises de nerfs car je ne comprenais pas « le manque de productivité », mais on doit d’abord fédérer pour que les gens s’adaptent à notre philosophie. Puis c’est pas du tout les mêmes habitudes, par exemple, un employé est capable de ne pas venir au travail car il veut assister à un mariage, ou alors on me donne un rendez-vous et on me fait attendre 1h30 alors qu’il fallait tout simplement me prévenir du retard pour que je puisse faire autre chose en attendant….Tout est imprévisible…il faut être très patient, réactif et avoir déjà anticipé. C’est « no stress » ici et il faut qu’on s’adapte un minimum à la philosophie qu’on trouve sur place.

6 – Comment se portent vos activités professionnelles en Guinée ?

Je suis au tout début. Mon CA a déjà doublé par rapport à ce que je rentrais en France. Donc je suis convaincue que j’ai fait le bon choix. J’ai aussi beaucoup de sollicitations médiatiques et on me demande d’intervenir dans des universités et conférences pour partager mon expertise.

7 – Quel conseil ou message donneriez-vous à ceux tentés par un retour en Afrique ?

Je donnerai le même conseil qu’à celui qui veut entreprendre, arrêtez de parler et de trouver des excuses, venez ne serait-ce 1 mois et consacrez vous à votre projet de retour en Afriue, cette première immersion vous donnera le goût de poursuivre !

PS: Immersion – C’est un des mots clés du partenariat entre Talent2Africa et Jokkolabs, qui justement propose aux personnes hésitantes de venir en immersion en Afrique, afin de découvrir, grâce à un coaching personnalisé, des conseils précieux et un réseautage top niveau des équipes T2A – Jokkolabs, les réalités et les opportunités à saisir partout en Afrique. Vous pouvez aussi regarder le témoignage vidéo d’Emma Camara, sur le phénomène “reverse migration”, accordé à l’OIM.