31Mai

L’essor de la digitalisation, sur le continent africain, est l’un des principaux facteurs à l’origine de l’augmentation de l’inclusion financière.

Longtemps perçue comme la banque des populations défavorisées, la microfinance s’adresse historiquement à une large clientèle, exclue des circuits de financement classiques. Aujourd’hui, la réalité de la microfinance est celle d’un marché mature,  propice à l’émergence d’établissements financiers crédibles aux côtés des acteurs traditionnels, tout particulièrement en Afrique.

Un secteur en pleine transformation

L’écosystème de la microfinance est aujourd’hui très différent de ce qu’il était à ses débuts et renferme un potentiel de croissance et d’innovation important. En effet, l’encours total des Instituts de Microfinance (IMF) africains a enregistré une croissance de 56% depuis 2012 et une hausse de 46% du nombre d’emprunteurs sur la même période en 2018 (Baromètre de la microfinance 2019, Convergences). Dans ce contexte, les IMF sont aujourd’hui à un stade clé de leur développement, et se retrouvent confrontés aux mêmes enjeux que les établissements bancaires : nécessité d’optimiser leurs processus métiers, de trouver des stratégies de différenciation commerciale, de répondre aux défis de la digitalisation des méthodes de travail… Comme les banques traditionnelles, ils sont en quête d’amélioration continue de leur productivité et font face à des défis technologiques. Certains de ces défis leur sont pourtant propres. En effet, les caractéristiques spécifiques à la microfinance, tels que ses réseaux de distribution alternatifs, sa clientèle etc. nécessitent des solutions technologiques adaptées à la réalité du terrain. Le futur de la microfinance repose par ailleurs sur une stratégie de recentrage autour du client et ne pourra se bâtir que sur la base de partenariats technologiques innovants permettant d’offrir une plus grande diversité de services tout en limitant les risques et en renforçant la sécurité des opérations. Pour les acteurs technologiques, c’est un domaine dont le développement s’annonce prometteur et rapide.

Fintechs : des opportunités à saisir

L’essor de la digitalisation, sur le continent africain, est l’un des principaux facteurs à l’origine de l’augmentation de l’inclusion financière. En Afrique subsaharienne par exemple, 42,6% de la population adulte possédait un compte en 2017 contre seulement 23,2% en 2011 (Source : Global Findex 2017). Une tendance observée ces 10 dernières années qui se poursuit et qui représente une opportunité unique. Or, le secteur de la microfinance est un terrain propice à l’expérimentation. Plus flexibles, pragmatiques et souvent soumises à des contraintes réglementaires plus légères, les IMF se montrent généralement plus agiles que le secteur bancaire traditionnel. Leur appétence pour le digital constitue une belle opportunité d’expérimentation qui permettra l’émergence de nouvelles solutions.

Il est d’ailleurs à parier que le processus de diffusion technologique s’inverse à l’avenir : les IMF ne se contenteront plus d’être dans le sillage des banques, mais seront les laboratoires d’avancées technologiques et de création de solutions novatrices dont bénéficieront ensuite les banques classiques. Autant d’enjeux dont les fintech gagneraient à s’emparer, d’autant que la maturité technologique de la microfinance est est encore en phase « d’aboutissement », qui doit encore se développer. Or, de par leur histoire et leur implémentation, les fintechs ont une place à prendre en tant que véritables partenaires stratégiques pour appuyer le développement de ces établissements.

En Afrique, la microfinance présente ainsi un fort potentiel de croissance et de développement en termes de solutions digitales diversifiées. S’appuyer sur les IMF permettrait alors aux fintechs de consolider leurs acquis dans les pays où elles sont déjà actives, tout en allant à la rencontre de nouveaux clients. La microfinance étant par essence vectrice de valeurs positives (promotion sociale, solidarité, développement économique…), elle représente enfin pour les fintech un facteur de différenciation par rapport à la concurrence, tout en constituant un environnement motivant pour les collaborateurs.

 

Source : https://www.journaldunet.com/economie/finance/1502531-microfinance-et-l-avenir-des-fintechs-en-afrique/