28Juin

L’emploi vert en Afrique se pose comme l’alternative pour inverser la courbe du chômage au cours des prochaines années sur le continent où la population accroît à un rythme élevé. Selon l’OIT, la transition écologique créera pas moins de 60 millions d’emplois d’ici 2060 et l’Afrique ne compte pas rester derrière face à ce défi majeur.

Une visite sur le terrain à Pikine Guédiawaye à quelque Kilomètre du centre-ville de la banlieue dakaroise le jeudi 18 avril a permis aux partenaires comme Oxfam et ONAS de voir de visu les réalisations de toilettes avec bio digesteurs.

 Abdoulaye Ba, directeur général de SIED pointe du doigt les réalisations faites par son équipe. Il arpente les différentes habitations qui ont bénéficié de cet ouvrage : « Cette nouvelle technologie apprise au Ghana, adaptée en zone inondable et inondée ne nécessite pas de vidange. Elle est aujourd’hui en phase d’éliminer les toilettes classiques avec fosses septiques», explique-t-il au micro de Talents2africa. Son entreprise créée en 2018 a déjà embauché une dizaine de personne et compte s’agrandir au fil du temps.

 

Pour lui, sans doute le changement climatique constitue une problématique majeure et  pousse les populations à avoir des réflexes et comportements résilients afin de s’adapter à leur environnement immédiat. C’est pourquoi, ONAS, Oxfam avec la fondation Bill et Melinda Gates ont lancé un vaste programme dénommé « Structuration des marchés des boues de vidanges ». Une composante du programme consistait d’avoir de nouvelles technologies d’assainissement autonomes et innovantes d’où la TAI avec digesteur. 

Aujourd’hui, il a été réalisé une vingtaine de toilettes entre Pikine, Guédiawaye et Rufisque. Cet ouvrage a pour innovation spécifique : un entretien facile, pas besoin de vidange, adaptable en zone inondable, doté d’un mode d’utilisation simple, sans odeur pour une durée de vie d’au moins 10 ans 

Ce projet à coût de millions de dollars est piloté par l’ONAS au Sénégal grâce au financement de la fondation Bill et Melinda Gates.

Au Burkina Faso, au Rwanda et au Ghana, les toilettes ont aussi déjà vu le jour, car les déchets constituent le plus grand défi du continent. Des Pme et Pmi s’organisent petit à petit pour faire cette transition écologique en embauchant des dizaines de personnes.

Les autorités sénégalaises se sont lancées sur cette voie depuis 2016 en injectant près de 3 milliards dans le la création de microentreprises vertes telles que des micro-unités de dessalement de l’eau de mer ou des bacs réfrigérés transportables par tricycle pour la revente des poissons sur les marchés. Les autorités espèrent créer 10 000 emplois directs d’ici 2020 et 30 000 d’ici 2030.

En Ouganda, c’est dans l’agriculture biologique, avec des produits vendus à l’exportation (ananas) ou sur le marché local (banane plantain, millet, manioc…) que des avancées significatives dans la création d’emplois ont été signalées depuis plus de 7 ans.

Énergies renouvelables

Alors que la Zambie a permis la création de milliers d’emplois directs avec la construction d’un million de logements selon des normes environnementales plus exigeantes, s’appuyant sur des filières d’approvisionnement locales (bois, brique de terre comprimée…).

Pretoria, s’est posé comme la référence pour l’emploi vert en Afrique grâce au programme sud-africain Working for Energy.

La transformation des plantes invasives désherbées en combustible vert a aussi donné une nouvelle dynamique au secteur actif avec la création de près de 4 millions d’emplois.

Quant aux énergies renouvelables, elles ont un bel avenir dans certains pays tels que le Kenya, l’Éthiopie et la Tanzanie qui en sont les pionniers sur ce créneau. Elles génèrent plusieurs milliers d’emplois, mais le chiffre exact est difficile à estimer. C’est grâce à l’interconnexion des commerçants, des groupements de femmes ou des sociétés de microcrédit que ce secteur s’est rapidement amélioré en Afrique francophone.

Recrutement 

La demande dans ces métiers verts monte crescendo au fil des années. En une décennie des dizaines d’emplois se sont créés dans les secteurs du  Contrôle de la pollution de l’air, recyclage des déchets, qualité de l’eau, protection et valorisation de la biodiversité, prévention des risques naturels et industriels… les métiers de l’environnement sources d’emploi vert en Afrique se sont imposés soit dans l’administration soit dans le privé et les Ong. Les recrues sont agents de propreté urbaine, animateur nature, biologiste en environnement, chargé d’hygiène et de sécurité, conseiller en environnement, garde (chasse, pêche, littoral, rivière, parcs nationaux) ou géomaticien.