26Sep

La diaspora – 60 milliards de dollars par an pour l’Afrique. C’est le montant de l’apport financier de la diaspora africaine. Une « perfusion » beaucoup plus salvatrice que le financement contraignant, « à compte gouttes » et à l’origine de nombreux clichés médiatiques, via l’aide au développement ou les investissements directs étrangers.

Mais ces milliards ne semblent pas impacter (enfin, plus qu’ils ne devraient l’être), l’essor d’une Afrique toujours étiquetée « tiers-mondiste»  ou « en voie de développement ». Dans l’émission radio « Le débat africain » diffusée par RFI (mi septembre), l’on s’intéresse à ces 60 milliards de dollars envoyés par la diaspora africaine. En deux temps, Alain Foka invite ses invités à se prononcer sur la volonté ou non des pouvoirs publics à aller vers la diaspora et les solutions pour une meilleure utilisation de cet argent. Réckya Madougou, femme politique béninoise et ancienne ministre déclare à ce sujet: « Les Etats ne déploient pas les énergies nécessaires et souhaitables pour capitaliser davantage cette manne que constituent les ressources potentiels de la diaspora » Mais elle poursuit : « la faute n’appartient pas seulement à l’Etat ». Elle donne l’alerte sur la nécessité d’unir la diaspora à sa source, pour développer des projets communs dans le continent. Répondant à  la camerounaise Ines Jessica Ngassa, ingénieure en informatique installée aux Etats-Unis, qui souligne que le problème se trouve dans la politique africaine, Réckya Madougou défend en citant l’exemple des transferts d’argent : « Il s’agit d’organisation. Aujourd’hui, la manne que constituent les transferts de fonds coûte excessivement chère (…) parce que nous n’avons pas des organisations de la diaspora très fortes en terme d’influence pour peser sur ces frais là, ou pour créer des alternatives en l’occurrence des compagnies de transfert d’argent » « Le taux de transfert d’argent vers l’Afrique tourne autour de 12% contre 7% au niveau mondial », soit « une différence de 16 milliards de dollars par an, c’est énorme ! », ajoute-t-elle. Selon elle,  il y a aussi un problème quant au « mode de consommation » lié à une sorte de « détournement » dans les objectifs pour lesquelles les sommes d’argent ont été envoyées. Marie-Laure Konan, porte parole de la diaspora ivoirienne  est du même avis : « Il y a un effort d’organisation et de structuration à effectuer pour engager tout le monde à aller cueillir les bénéfices »

Comme solution, Marie-Laure Konan propose d’utiliser cet argent en le « fédérant et en mettant en place des projets structurants », citant l’exemple des haïtiens vivant au Canada. Cependant, Réckya Madougou « tape » sur les « habitudes africaines » « Nous avons notre mode de consommation qui n’est pas adapté à l’investissement. Il est question, non pas d’investir dans les cérémonies ruineuses à outrance, mais d’investir dans des mécanismes productifs »   Sory Kaba, le directeur des sénégalais de l’extérieur déplore lui aussi ce mode de consommation : « Ils sont nombreux à faire confiance aux membres de leurs familles mais qui à terme, c’est la trahison totale », appelant ainsi les familles d’immigrés à « aider » la diaspora à fructifier leurs investissements. Le constat général est qu’il y a un problème d’orientation efficace des ressources financières en destination de l’Afrique. Un problème de confiance (à rétablir) entre la diaspora et les Etats, mais aussi avec la population africaine locale accusée de « dilapider » une partie des fonds transférés se pose aussi. Et enfin, il y a un problème d’organisation au sein même de la diaspora, pour mieux développer des initiatives pour l’Afrique.

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